Le baiser

17/11/2024

Nous sommes assis sur le petit mur tout couvert de lierre juste à côté de ta maison. Ce petit mur en surplomb de ton beau jardin en pente douce. Nous sommes assis juste au dessus des lavandes. Elles ne sont pas fleuries, ton jardin est légèrement dans la brume,  la lumière est blanche, c'est une fin d'après midi d'hiver et nous sommes bien couverts, bonnet pour moi, casquette en velours noir pour toi. Tu m'enlaces, tu m'embrasses. Tes lèvres sont chaudes et douces, ton baiser tendre et long. Le temps s'est totalement figé, il ne semble plus exister. Nos corps blottis l'un contre l'autre se fondent. Je me souviens de ce baiser offert, échangé comme un dialogue des corps qui se rencontrent et se racontent une évidence. Ils amorcent une danse, ils partagent leurs émois. Comme c'est doux une bouche amoureuse, délicate et gourmande. J'ai la tête qui tourne un peu et je suis étonnée d'être autant bouleversée par ce si long baiser. C'est un état de grâce qui nous touchent tous les deux, toute ma peau me le dit, tout mon corps me le chante. Le froid qui pique la peau n'existe plus, le cœur qui bat la chamade à tout rompre nous inonde d'une chaleur soudaine et nous transporte ailleurs loin de la réalité du monde. Une bulle s'est créée, elle nous enveloppe, nous protège. Une bulle d'éternité. Et ce fut singulier. Nous échangions ce baiser qu'à notre adolescence nous n'avions pas vécu. Ce baiser si longtemps retenu, le voilà libéré, étonné, doux, tendre et joyeux. Éperdument sensuel. Ce baiser m'a marqué à jamais. Je ne peux l'oublier. C'est un havre de paix. Malgré tous mes tourments et ma peine bien ancrée, il arrive à lui seul à parfois me guérir, à soigner la blessure que tu m'as infligée et qui me cloue au sol, loin de mon insouciance restée là haut bloquée dans les nuées.