Petit à petit ...
Petit à petit l'oiseau fait son nid. Je ne sais pas pourquoi j'aime cette expression. Ce n'est pas cette notion de cocon qui me fascine, mais plutôt ce petit à petit : brindille après brindille, bouts de tissus, herbes et mousses assemblés patiemment pour en faire, justement, un nid douillet. J'ai souvent la sensation d'être cette oiselle qui petit à petit fait son nid, fait des nids. A chaque déménagement, recommencer à tisser du lien, petit à petit faire son nid. A chaque création théâtrale recommencer à rêver, puis rassembler, tout autour d'une histoire, une équipe, et petit à petit faire son nid. Tenter de le rendre doux, tendre et confortable pour tous les oiseaux et oiselles qui y sont de passage.
Pourtant, en ce moment, cette contrainte, encore renouvelée, de devoir rester enfermé-e-s dans son nid, isolé-e-s du monde, le rend plus étouffant, parfois. Les beaux jours revenant, je le rêve plus à ciel ouvert, raisonnant de musiques, de fêtes, de danse, d'enlacements des corps et du jaillissement des rires. Je le rêve à roulettes et mobile, pour vaincre l'inertie et le temps suspendu que l'on nous impose. J'aimerais un nid aux allures du Château Ambulant, vagabondant à sa guise et se posant non loin des nids de ma famille, de mes ami-e-s, le temps d'une nuit sous les étoiles, le temps d'un repas qui s'éternise, le temps d'un abandon retrouvé au chaud de nos nids rassemblés. Petit à petit faire son nid, partout, dans tous les arbres de la terre, s'y sentir comme chez soi, enveloppée, d'une belle humanité retrouvée. Petit à petit faire son nid et s'y sentir en liberté. .