Un jour d'hiver
Planter des graines, les arroser, ne pas forcer le destin juste attraper au vol les fleurs qui passent, les fleurs qui poussent, toutes ces beautés subjectives et éphémères, car elles sont miennes, que je croise chaque jour. Faire ce travail insensé de combattre l'angoisse liée à cette décision de ne plus faire comme avant. Partir en voyage sur de nouveaux chemins, de nouvelles sensations, de nouvelles pratiques et combattre sans cesse ses vieux plis de pantalon, ceux qui reviennent inlassablement, toutes ces façons de faire et donc d'une certaine manière, de vivre... toutes ces façons de faire inculquées très tôt, dès la toute petite enfance. Façons de faire paternelle et maternelle qui façonnent et parfois enferment dans un rapport au monde et à sa propre vie. Façons de faire scolaire puis sociale qui imposent et structurent notre mental travail. Apprendre à lâcher prise pour sortir enfin d'une vie qui épuise. Apprendre la légèreté d'être avec soi même, dans la beauté de l'instant présent, et les cadeaux reçus tout simplement. Il n'y a pas une manière de faire, mais des milliers et sûrement beaucoup plus encore. Apprendre à faire dans l'humeur du moment, sa vitesse, sa couleur, sa texture, son odeur, écouter intensément ses besoins, ses envies, et tous les autres êtres vivants présents à cet instant. Devenir plus animal, instinctive, sentir que justement ce n'est pas le moment et que surtout, là, à ce moment précis, il faut suspendre l'action, la remettre à plus tard et ne pas culpabiliser de s'être enfin écouter. Je ne veux plus produire, je veux créer du beau, le plus possible, le mieux possible. La notion de performance m'indispose si le passage en force s'impose. Je veux vivre profondément mes joies et mes peines, mes doutes et mes fulgurances soudaines, mes intuitions premières. Il n'est jamais trop tard pour se défaire et se refaire.
A la vie, à mon fils, à l'amour croisé chaque jour et qui prend mille formes particulières.
Le 22 janvier 2022. Humeur particulière.